Pas besoin de maîtres
Publié le 28 Novembre 2019
À une autre occasion, je lui demandai : – Carlos, qu'est-ce qui détermine qu'un homme ordinaire accède à la connaissance des sorciers ?
– L'intention, répondit-il. L'intention de l'homme doit faire une offre à l'esprit, et l'esprit doit l'accepter en plaçant sur son chemin des moyens d'évolution.
En d'autres temps, le seul moyen disponible était d'être signalé directement à un nagual.
De nos jours, un homme ordinaire a l'opportunité d'être guidé au travers des publications.
Quand on cherche à accéder au monde des sorciers, on doit y être préparé. Une rencontre accidentelle avec le pouvoir ne conduira à rien sauf à un choc brutal pour le chercheur qui jurera alors que la sorcellerie est l'œuvre du diable et que tout ceci est pur mensonge.
Mais une préparation pauvrement menée, une de celle qui fomente l'importance personnelle au lieu d'augmenter l'émerveillement et le désir d'apprendre, devient un obstacle presque insurmontable pour l'apprenti.
Celui qui vient au nagual saturé de croyances sur presque tout, n'aura aucune chance de continuer.
Par conséquent, la condition suivante avant d'entrer sur le chemin de la connaissance est une profonde honnêteté. Il est nécessaire de vider le quai afin de faire de la place pour le nouveau bateau qui arrive et reconnaître que lorsqu'il sera là, nous ne saurons rien. Une fois que l'on a atteint ce degré de préparation, le reste n'est qu'une question de chance.
L'esprit détermine qui sera choisi et qui ne le sera pas. La réponse de l'esprit est insondable. Elle survient de façon imprévisible et en des termes qui sont presque toujours incompréhensibles pour notre raison. Tout ce que nous pouvons faire est d'être attentifs aux signes en nous plaçant délibérément sur leur chemin. Quand l'intention de l'homme conclut une alliance avec l'esprit, il est inévitable que le maître apparaisse.
Je lui demandai si le nagual pouvait être considéré comme un enseignant du même style que les instructeurs orientaux.
Carlos répondit avec emphase : – Non ! Il n'y a pas de comparaison, pour une raison très simple : un nagual ne choisit jamais ses apprentis.
C'est l'esprit qui détermine, au travers de présages, qui peut ou non faire partie d'une lignée.
Un vrai maître est un guerrier impeccable qui a perdu sa forme humaine et qui a un lien très clair avec l'abstrait.
C'est pourquoi il n'accepte pas de volontaires. Le système d'enseignement basé sur le désir spontané du chercheur ne conduit pas très loin, parce qu'il n'est pas orienté vers la réalisation mais vers les intérêts de l'ego.
Tout ce que font les partisans, c'est imiter et cela ne les conduit nulle part.
Par conséquent il n'y a pas besoin de maîtres. Après des années d'apprentissage, je suis convaincu que tout ce dont a besoin un chercheur est de l'opportunité d'être conscient de ses possibilités et d’un engagement à mort avec son but.
Je fis observer que ses affirmations étaient en contradiction avec ses déclarations répétées sur le fait que sans don Juan, il n'aurait rien réussi.
Carlos répliqua : – Les sorciers établissent une distinction très claire entre les concepts de « guide spirituel » et de « maître nagual ».
Le premier est un individu qui s'est spécialisé à diriger des troupeaux, et l'autre est un guerrier impeccable qui sait que son rôle se limite à servir de connexion avec l'esprit.
Le premier te dira ce que tu veux entendre et te donnera les miracles que tu veux voir parce que tu l'intéresses comme acolyte ; tandis que le second sera guidé par les commandes d'un pouvoir impersonnel. Son aide n'est pas altruiste mais un moyen de payer sa vieille dette avec l'esprit de l'homme. Le nagual n'est pas une personne bénévole; il ne vient pas pour nous être agréable mais pour nous réveiller, et il le fait à coups de bâton si c'est nécessaire parce qu'il ne ressent aucune compassion.
Quand il intervient dans la vie de ses apprentis, il peut produire en eux une condition d'agitation telle que leurs énergies latentes sont activées.
rencontre avec le nagual