Publié le 27 Février 2019
Il m’affirma que, durant nos vies actives, nous n’avons jamais l’occasion de dépasser le niveau de la simple préoccupation, parce que depuis des temps immémoriaux les affaires quotidiennes nous ont assoupis comme une berceuse.
C’est seulement quand nos vies sont presque à leur terme que notre préoccupation héréditaire à propos du destin commence à prendre une tournure différente. Elle commence à nous faire traverser le brouillard des
affaires quotidiennes.
Malheureusement, cet éveil est toujours étroitement accompagné par la perte d’énergie due à l’âge, au moment où nous n’avons plus de force pour transformer notre préoccupation en une découverte pragmatique et positive.
Alors, tout ce qui reste est une angoisse amorphe, glaciale,
un désir de quelque chose d’indescriptible, et une
simple colère de ne l’avoir pas obtenu.
« Beaucoup de raisons me font aimer les poèmes,
dit-il. L’une d’elles est qu’ils saisissent l’humeur des
guerriers et expliquent ce qui peut à peine être expli-
qué. »
Il reconnut que les poètes étaient profondément conscients de notre lien de communication avec l’esprit, mais qu’ils en étaient conscients intuitivement, et non délibérément et pragmatiquement comme les sorciers « Les poètes n’ont pas une connaissance directe de l’esprit, poursuivit-il. C’est pourquoi leurs poèmes ne peuvent pas vraiment toucher le cœur de véritables gestes pour l’esprit. Mais ils en arrivent très près.
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« Je crois que le poète ressent la tension qui accom-
pagne le vieillissement et l’anxiété que suscite cette
prise de conscience, dit don Juan. Mais cela n’est
qu’un aspect des choses. L’autre, celui qui m’inté-
resse, révèle que le poète, bien qu’il ne déplace
jamais son point d’assemblage, a l’intuition que
quelque chose d’extraordinaire est en jeu. Il a l’intui-
tion très certaine qu’il existe un facteur ineffable,
imposant en raison de sa simplicité, qui détermine
notre destin. »