Publié le 28 Juin 2022
Selon don Juan, le monde que nous percevons est complètement investi par un réseau d'innombrables filaments d'une substance lumineuse qui se présentent sous la forme de bandes torrentielles d'énergie. Celles-ci forment « les émanations de l'Aigle », regroupées en faisceaux, en grappes. “ Les anciens sorciers appelaient ces grappes ou faisceaux, les grandes bandes d'émanations… Pour les sorciers, il existe 48 formes d'organisations sur terre, 48 espèces de faisceaux ou de structures. La vie organique est l'un de ces faisceaux, l'une de ces bandes d'émanation ” (14). Don Juan décrit en détail comment ces bandes d'émanations sont organisées. Une de ces bandes porte la vie organique telle que nous la connaissons. Ensuite, il y a 7 bandes qui génèrent les bulles de conscience des êtres inorganiques. Ensuite, il y a 40 bandes de pure structure, des bandes de propriétés formelles qui ne portent en fait aucune conscience; “elles ne génèrent que de l'organisation”. Notre monde organique est donc créé à partir d'une bande organique et d'une bande contenant de l'organisation.
Il est remarquable de noter que dans le schéma classique du système planétaire, il existe en dehors de la terre elle-même, 7 planètes. Si nous mettons la terre à part pour la ranger dans la catégorie de manifestation déterminée par une bande organique appariée avec une bande porteuse d'organisation, les “7 bandes inorganiques” peuvent être mises en relation avec le classique modèle des “7 planètes” (ndtr: ces planètes ne sont pas considérées comme porteuses d'une vie organique comparable à celles que l'on trouve sur terre). Les Gnostiques pensent que la terre n'appartient pas au système planétaire mais qu'elle a purement et simplement été capturée par celui-ci. Les Gnostiques identifient le système planétaire sans tenir compte de la terre sous l'appellation de “Heptade” ou Septuple. Ce système de l'Heptade est le royaume des Archontes qui sont des êtres inorganiques. Le parallélisme avec les “7 bandes inorganiques” dans le schéma de pensée de Castaneda semble donc être exact.
Il est étrange de constater que les Gnostiques étaient capables de localiser l'habitat des Archontes dans le système planétaire, excluant la terre. Le Royaume des Archontes pourrait être formé à partir des 7 bandes inorganiques. La présence de ces Archontes dans le monde généré autour de nous pourrait en fait être une intrusion.
Don Juan précise que nous, êtres organiques, pouvons et généralement entamons des contacts avec des êtres inorganiques. Nous faisons cela en changeant la position de notre point d'assemblage et en le positionnant dans le territoire inconnu d'autres bandes d'émanation, ou encore en glissant notre point d'assemblage dans des régions inconnues de notre propre bande d'émanation. Une grande partie de l'ensemble des activités de Castaneda consiste en ces incursions dans ces autres mondes qui sont voisins du nôtre.
“Une fois que la barrière est rompue, les êtres inorganiques changent et deviennent ce que les sorciers appellent des alliés ” (15). Ces alliés peuvent s'avérer être déviants, manipulateurs voire mortels mais le fait de les maîtriser s'avère être une tâche des plus importantes de la nouvelle sorcellerie. (ndtr: la nouvelle sorcellerie est la discipline créée par les nouveaux sorciers qui se démarquent totalement des pratiques des sorciers toltèques des temps anciens).
Quelles que soient les éventualités auxquelles nous devons faire face, nous avons besoin de confronter cet être inorganique au fait d'expérimenter “ la totale certitude de l'origine étrangère de l'esprit ”. Le “prédateur qui venait des profondeurs du cosmos et qui gouverne notre existence ” peut certainement être identifié aux Archontes qui sont dirigés par leur Suzerain, Ialdabaoth. don Juan décrit l'intrusion extraterrestre et sa principale conséquence –la modification du comportement - de la manière la plus vivante. don Juan fait ce commentaire saisissant sur ce que l'on pourrait gagner de notre rencontre avec ces entités: “Les planeurs sont un constituant fondamental de l'univers et nous devons nous efforcer de les voir sous leur véritable jour : terrifiants, monstrueux. C'est par leur intermédiaire que l'univers nous met à l'épreuve” (16) (Le Voyage définitif p277)
Cette épreuve ne se limite de toute évidence pas aux personnes qui s'aventurent dans les états de réalité non-ordinaire car l'influence des planeurs n'est que trop apparente dans le monde de la réalité ordinaire. “Le prédateur est notre seigneur et maître. Il a su nous rendre faibles et dociles. Il étouffe toute velléité de protestation ou d'indépendance et nous empêche d'agir librement. Qui cherche à élever une protestation voit son désir supprimé ! Qui cherche à faire preuve d'indépendance se voit rappeler dans les rangs!» (ndtr : Castaneda)
Il est intéressant de comparer l'explication et la cause que don Juan donne à l'intrusion de ces prédateurs aux explications que nous fournit la connaissance Gnostique à propos de cette invasion. Don Juan affirme que nous sommes de la nourriture pour ces planeurs, que nous leur donnons en quelque sorte leur moyen de subsistance. Ceci pourrait correspondre à certaines peurs qui sont exprimées dans les théories contemporaines sur les extraterrestres et les Ovnis dans lesquelles les Gris sont dépeints sous les traits de sinistres parasites qui se nourrissent d'êtres humains aussi bien psychologiquement que physiquement. Le présumé “Rapport de Dulce” (ndtr: Dulce Report: documents d'origine incertaine décrivant les activités sur la base secrète de Dulce au Nouveau-Mexique) contient une description de laboratoires souterrains emplis de containers utilisés pour développer des hybrides extraterrestres-humains ainsi que d'autres réservoirs contenant des organes et des membres humains. Très curieusement, ces extraterrestres qui semblent capables de soutirer tout le sang des animaux (ndtr: mutilations de bétails ou «cattle mutilation») ne trafiquent pas avec le sang humain. Cela peut être une substance taboue pour eux. Le scénario impliquant des entités extraterrestres malveillantes semble impliquer l'existence d'une sorte de vampirisme.
La thèse développée par don Juan pourrait apparaître bien plus sophistiquée que ces sinistres scénarii extraterrestres. Parce que les prédateurs proviennent d'un monde situé au-delà du royaume de la syntaxe et du vocabulaire caractéristique et endémique du mode de pensée humaine , les prédateurs peuvent nous “pressurer implacablement ”, simplement pour faire une petite «virée» dans nos circuits mentaux et par conséquent, détourner l'intention et saper l'attention. Il est difficile d'expliquer simplement comment tout cela les nourrit mais ils doivent désespérément avoir besoin d'une forme de distraction pour remplir ou divertir leur esprit routinier et robotique. La conception gnostique sur le ressort de l'envie, de la jalousie et de la cupidité correspond parfaitement à cela et peut rejoindre l'interprétation de Castaneda. “ Les prédateurs nous élèvent dans des poulaillers humains, … pour ne jamais manquer de nourriture ” (17) (ndtr : Selon Anton Parks, l'homme (ou A-Dàm) est considéré comme du bétail dans les textes sumériens par les Annunaki)
Don Juan précise que la soumission aux prédateurs seraient en réalité équivalente au suicide. “Ce à quoi nous devons faire face n'est pas un simple prédateur ” insiste don Juan.“ Il suit un système méthodique pour nous neutraliser et nous empêcher d'être la créature magique que nous étions destinés à être. Nous ne sommes plus désormais qu'une source de ravitaillement et n'avons d'autres rêves que ceux d'un animal que l'on élève pour sa viande: des rêves banals, conventionnels et imbéciles ”. (18)