la guerre du sorcier n’est pas dirigée contre les autres, mais contre ses propres faiblesses.

Publié le 19 Janvier 2023

Une des personnes présentes voulut savoir quelle etait la position des
sorciers face à la guerre.

Son visage montra un certain agacement.
«Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise - a-t-il demandé-, qu’ils sont
pacifistes ?

Ils ne le sont sûrement pas ! Notre destin d’hommes communs et
ordinaires ne les intéresse pas.Comprenez-le une fois pour toutes !

Un guerrier est fait pour combattre, son repos est la guerre.»

A en juger par sa réaction, la question avait touché un point sensible chez
Carlos.

Il prit son temps pour nous expliquer que, contrairement aux
guerres mesquines dans lesquelles, en tant qu’êtres humains, nous nous
impliquons constamment pour des intérêts sociaux, religieux ou économiques,

la guerre du sorcier n’est pas dirigée contre les autres, mais contre ses
propres faiblesses.

De même, leur paix n’est pas la condition d’obéissance
à laquelle a été réduit l’homme moderne ; mais il s’agit plutôt d’un
imperturbable état de discipline et de silence intérieur.

«La passivité - nous dit-il - est une violation de notre nature, parce que,
nous sommes tous par essence des combattants redoutables.

Chaque être humain est en droit d’être un guerrier car il a obtenu sa place dans le monde par une bataille de vie et de mort.

«Voyez-le ainsi : au moins une fois, en tant que spermatozoïdes, nous
livrons une bataille pour la vie - une lutte unique contre des millions
d’autres concurrents -, et nous gagnons ! Et la bataille continue, parce
que nous sommes emprisonnés dans les forces du monde. Une partie de nous-même combat pour se désintégrer et mourir, et l’autre essaye de maintenir la vie et la conscience à tout prix. Sans trêve !

«Un guerrier se rend compte de cela et il l’utilise en sa faveur. Son but
est le même que celui qui anima cette étincelle de vie qui lui donna
naissance : l’accès à un nouveau niveau de conscience.»
Il poursuivit en disant qu’en se socialisant, les êtres humains ont été
domestiqués comme on apprivoise des animaux, à force de stimulants et de
punitions.

«On nous a formé pour vivre et mourir docilement, en suivant des codes de
conduite anti-naturels qui nous ramollissent, avec pour résultat la perte
de l’élan initial, jusqu’à ce que nous ne remarquions même plus l’esprit
de l’homme.

Nous sommes nés d’un conflit. En refusant nos tendances de
base, la société dans laquelle nous vivons efface l’héritage guerrier qui
nous transforme en êtres magiques.»

Il ajouta que le seul chemin qui est ouvert au changement, c’est que nous
nous acceptions comme nous sommes pour travailler sur cette base de départ.

«Le guerrier sait qu’il vit dans un monde de prédateurs. Il ne peut pas
baisser la garde.

Où qu’il porte la vue, il voit une lutte incessante, et
il voit que cette lutte mérite le respect, parce que c’est une lutte à
mort.

Don Juan se déplaçait toujours, en allant ou en venant, en soutenant
ou en rejetant, en provoquant des tensions ou en se déchargeant en un
éclair, en criant son intention ou en se taisant; il faisait quelque chose.
Il était vivant, et sa vie reflétait à la fois la tension et la souplesse
de l’Univers.

«Il me dit que, depuis le moment où se produisit l’explosion qui nous donna
naissance et jusqu’au moment de notre mort, nous vivons dans un flux.

Ces deux épisodes sont uniques, parce qu’ils nous préparent à faire face à ce
qu’il y a plus loin.

Et qu’est-ce qui nous aligne avec ce flux ?

Une bataille incessante, que seul un guerrier se permet; c’est pourquoi il vit
en harmonie profonde avec le tout.

«Pour un guerrier, être harmonieux c’est couler, ne pas s’arrêter au milieu
du courant en un espace de paix impossible et artificielle. Il sait qu’il
peut donner le meilleur de lui dans des conditions de tension maximale.

C’est pourquoi il va au-devant de son adversaire comme le coq de combat,
avec avidité et délice, en sachant que le prochain pas sera décisif.

Son adversaire n’est pas son semblable, mais ses propres attachements et ses faiblesses, et son grand défi est de resserrer les couches de son énergie
pour qu’elles n’explosent pas quand cessera sa vie, afin que ne meure pas
sa conscience.

«Posez-vous vous mêmes ces questions : Que fais-je de ma vie ? A-t-elle un
but ? Suis-je en accord avec elle ? Un guerrier accepte son destin, où
qu’il soit.

Toutefois, il lutte pour changer les choses et fait de son
passage dans le monde quelque chose d’exquis. Il tempère sa volonté de
telle manière, que rien ne peut le dévier de son but.»

rencontre avec le nagual - Armando Torrès

 

 

Rédigé par Agnès

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